Le 23 novembre prochain à Paris et dans toute la France nous marcherons contre les violences faites aux femmes. Nous marcherons pour dénoncer les 94.000 viols de femmes et les violences conjugales subis par 225.000 femmes chaque année en France. Nous marcherons pour dénoncer les féminicides des 136 femmes déjà tuées en 2019.
Nous marcherons, car nous sommes abolitionnistes. Nous nous inscrivons dans le combat avant-gardiste du Mouvement pour l’abolition de la prostitution et de la pornographie (MAPP). Femmes solidaires a participé depuis plusieurs décennies à toutes les luttes contre le système prostitutionnel qui fait de la marchandisation des corps une machine de guerre contre l’intégrité des femmes et encourage toutes les autres violences faites aux femmes. Nous devons être claires sur la prostitution : elle est, à toute époque, en tout contexte, une violence patriarcale qui ne concerne pas seulement les victimes directes de la prostitution et de la traite mais également toutes les femmes en affirmant que l’on peut acheter leur corps, contrôler leur sexualité.
Nous marcherons également, car nous sommes universalistes. Aujourd’hui, deux courants se font face dans notre monde et aussi dans notre pays. Il y a d’un côté le relativisme culturel, véritable fléau à l’échelle de la politique française et sur l’échiquier international, qui divise les femmes, les renvoie à leur culture, leur pays, leur quartier, leur communauté, voire leur religion. De l’autre, le courant universaliste qui défend l’idée que les femmes doivent bénéficier des mêmes droits quels que soient leur culture, leurs convictions philosophiques, religieuses, leurs croyances, le lieu où elles sont nées. Nous sommes de ce courant. Nous nous opposons à la « racialisation » des luttes qui, au nom des spécificités culturelles, de l’identité ou de la religion, relativise la question des droits fondamentaux des femmes, en tête desquels le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour nous, la laïcité demeure le seul cadre législatif garantissant les droits égaux à toutes les femmes, les religions n’ayant jamais donné de droits nouveaux aux femmes, ni même garanti ceux déjà acquis. Nous voulons un alignement des droits des femmes par le haut dans un cadre universaliste.
Au moment où prend fin le Grenelle des violences conjugales dans lequel Femmes solidaires a porté des propositions concrètes d’égalité territoriale et de maintien de service public, indispensables à la prise en charge des femmes victimes et à la lutte contre les violences, il est indispensable que l’Etat prenne pleinement en charge ces questions afin de mettre en place des mesures qui fassent rapidement disparaître les féminicides en France.
Nous sommes solidaires de toutes les femmes et marcherons le 23 novembre à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre toutes les violences faites aux femmes dans un cortège abolitionniste et universaliste.
Paris, jeudi 21 novembre 2019
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