Communiqué de presse – 4 mars 2015
Des associations féministes (Les Chiennes de garde, La CLEF, Femmes Solidaires, Libres Mariannes, Mouvement HF–égalité dans les arts et la culture, Osez le Féminisme!) se mobilisent à l’occasion du 8 mars, vitrine médiatique pour les droits des Femmes, afin que le vocabulaire médiatique rende justice aux droits des femmes. Pour cela, elles ont réalisé un petit bréviaire journalistique des 10 expressions clés à bannir des ondes !
Cette année, comme tous les 8 mars, de nombreuses chaînes parleront de l’égalité femmes-hommes et des problématiques qui touchent les femmes. Comme tous les 8 mars, on observera un vocabulaire qui tend à minimiser les violences contre les femmes. Les termes discriminants symboliques visent à rendre les femmes invisibles et à légitimer leur exclusion de l’espace public. La langue n’est pas neutre. Elle est le véhicule de la pensée, c’est elle qui donne le sens. Les euphémisations ont un caractère politique. Employons donc les mots justes ! Sans reconnaissance de la place des femmes dans la société, sans reconnaissance des violences quelles subissent et des causes de ces violences, pas d’égalité, pas de démocratie !
Contact presse : Marie-Noëlle Bas pour les Chiennes de garde : 06 37 40 42 69
PETIT BREVIAIRE JOURNALISTIQUE
1/ 8 mars : Journée internationale DES DROITS DES femmes au lieu de journée internationale de la femme. La Femme est un concept, un fantasme « idéal », bien loin des réalités des femmes dans la vie quotidienne. Le 8 mars est un moment important pour faire le point sur les avancées pour les droits des femmes.
2/ Droits humains au lieu de droits de l’Homme
Cf. la campagne de ZéroMacho sur le sujet https://zeromacho.wordpress.com/author/zeromacho/ Cette terminologie date de la Révolution française qui a exclu volontairement les femmes de la citoyenneté. Seuls les pays francophones parlent de droits de l’Homme, tous les autres pays du monde évoquent les droits humains. Au nom de quoi l’Homme même avec un grand H (que l’on n’entend pas, même si on le lit) engloberait toutes les femmes?
3/ User du féminin pour les noms de métiers, les grades, les titres et les fonctions occupés/portés par des femmes : artisane, compositrice, etc… les noms de métiers, grades, titres et fonctions existent dans la langue française, il faut les utiliser quand on parle d’une femme (cf. Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin d’Eliane Viennot aux éditions iXe (2014). À l’inverse, user du neutre lorsqu’il s’agit de stéréotypes féminins « 4h30, à l’école, c’est l’heure des mamans parents ».
4/ Gestion raisonnable au lieu de gestion en bon père de famille. Notion dépassée du droit français qui a disparu le 21 janvier 2015 du droit français.
5/ Violence contre les femmes au lieu de violences à l’égard des femmes
Contre = opposition à quelqu’un = à l’encontre de ; À l’égard de = avoir de la considération pour quelqu’un = respect, attention, etc…
6/ Viols au lieu d’agressions sexuelles / Elle a été violée, il a violé une femme, au lieu de elle s’est fait violer.
Les viols sont des crimes, les agressions sexuelles des délits : parler d’agression est une minimisation. Par ailleurs les victimes subissent. Elles ne sont pas actrices du viol, elles ne l’ont pas « cherché ». (Cf. la différence entre « se faire tatouer » et « être
tatouée » ou « il a tatoué »)
7/ Agression sexuelle, agresser sexuellement au lieu de abus, abuser
8/ Mutilations sexuelles féminines au lieu de mutilations génitales féminines
Cette expression ne prenant pas en compte la sexualité des femmes comme droit fondamental mais reléguant les femmes à leur fonction physiologique de procréation.
9/ Féminicide au lieu de meurtre d’une femme
Meurtre d’une femme en raison de son sexe (ex : une joggeuse violée puis tuée par un inconnu). Plusieurs pays d’Amérique latine et d’Europe (Chili, Costa Rica, Colombie, Salvador, Guatemala, Mexique, Pérou, Italie et Espagne) font ainsi du machisme la circonstance aggravante du meurtre, comme cela existe pour le racisme ou l’antisémitisme.
10/ Meurtre (machiste) au lieu de crime passionnel ou drame intra-familial
Ces crimes – également des féminicides- souvent motivés par la jalousie inhérente au machisme, montrent une situation dans laquelle l’homme considère que la femme –et parfois les enfants- est son objet, et non un sujet autonome. Parler de crime « passionnel » revient à penser « il l’aimait trop ». Or la violence –et encore moins le meurtre- n’est jamais une preuve d’amour