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Féminicide : le crime possessionnel

Une jeune femme de 40 ans vient d’être assassinée par son conjoint ce lundi 20 mars 2023, rue de Prague, dans le 12ème arrondissement de Paris. Après l’avoir poignardée et égorgée dans le hall de son immeuble, il prend la fuite. Il est interpellé dans une église quelques rues plus loin.

Que sa famille, ses ami.es et sa petite fille trouvent l’expression de nos condoléances les plus attristées.

Derrière chaque féminicide se trouve une famille, anéantie par le drame. Des enfants, des parents, des frères et sœurs, victimes collatérales à part entière.

Notre chagrin est profond, notre colère est grande quand la vie d’une femme est ôtée par la violence mortifère d’un homme. Une fois de plus, un homme n’a pas supporté que sa femme décide de sa vie.

En ce mois de mars de lutte internationale pour les droits des femmes, ce feminicide montre que la violence patriarcale contre les femmes est misogyne et meurtrière. Il n’existe pas de crime passionnel mais un crime possessionnel. «Le crime du propriétaire» de la part d’un homme qui considère que sa femme est assignée à sa domination, qu’elle lui appartient, qui le conduit à avoir droit de vie et de mort sur elle.

La couverture médiatique persiste à banaliser les féminicides dans la rubrique «faits divers». Dans les médias, même lorsque le terme féminicide est employé par les journalistes, il est vidé de sa substance par le choix d’expressions inappropriées dans la mise en récit en parlant de «conflit familial», de « drame passionnel », « drame de la séparation », de « désaccord dans le couple ». L’influence de ces mots-là a des répercussions négatives. Ils minimisent la violence et déresponsabilisent l’auteur des crimes en normalisent le fait de tuer des femmes.

Ces grands médias ne participent au développement de la réflexion quant à la portée politique de cette violence meurtrière. Elle s’inscrit dans un continuum qui prend sa source dans les stéréotypes sexistes de tous les jours. La formation des journalistes est primordiale pour faire disparaître ces expressions du paysage médiatique.

Il est essentiel de travailler sur la sensibilisation et le changement des mentalités et ce dès le plus jeune âge. Chaque jour, Femmes solidaires le fait par ses interventions dans les établissements scolaires, dans tous les lieux d’éducation populaire, dans les médias, dans la rue. Mais ce n’est pas suffisant !

Depuis les années 2000, l’arsenal législatif s’est étoffé même s’il reste perfectible, la vigilance sociale pour ne pas banaliser les violences a augmenté, mais beaucoup reste à faire tant la tâche est immense.

Au-delà des moyens financiers et humains, il faut aujourd’hui, une volonté politique au-delà de grandes déclarations médiatiques pour transformer notre société et déconstruire les rapports de violence et de domination. Celle d’appliquer la loi de façon égale et intransigeante sur tous les territoires, celle de décliner des dispositifs qui fonctionnent, notamment dans tous les commissariats
et les gendarmeries de France, celle de traiter les violences faites aux enfants et aux femmes sans délai. Celle de bâtir des relations affectives sur l’égalité, le respect et la confiance.

En 2022 146 femmes ont été tuées, 34 femmes en ce début d’année 2023. Notre pays est encore un pays d’impunité.

Maintenant nous voulons que l’impunité recule, que les femmes et les enfants soient réellement protégé.e.s, que les auteurs soient punis et que la tolérance sociale des violences recule dans la rue, dans tous les domaines de la vie économique, culturelle, sociale et politique, dans les théâtres, dans les films, dans les médias, dans les hémicycles, dans les grandes institutions, des collectivités aux plus
hautes instances de la République.

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