Femmes Solidaires relaie l’article de Djemila Benhabib publié sur le site sympatico.ca:
“Il est difficile d’écrire aujourd’hui. Parce qu’il est tout simplement difficile d’écrire en pleurant des confrères et, pour certains, des amis, des talents indomptables, tombés au front. Au combat. Au champ d’honneur, comme on dit dans les livres d’une autre époque.
Sous mes fenêtres, je vois tomber des flocons de neige. Tout est blanc et pourtant tout me paraît si sombre. Et puis, j’ai l’impression que tout a été dit. Et pourtant, rien n’a été retenu. Alors, il est essentiel de répéter. Car il n’est pas question de rester les bras ballants face à ce tsunami qui emporte les meilleurs d’entre nous, un à un.
Non, l’intégrisme musulman ne vaincra pas!
Face à cette monstruosité, il n’y a qu’une seule posture: la RÉSISTANCE. Avec les armes qui sont les nôtres: l’écriture ou le dessin pour rendre compte du monde et de son absurdité.
Le mur de l’aveuglement et de la lâcheté
Je suis Charlie, certes… mais je suis Djemila Benhabib, surtout. Et si je suis terriblement bouleversée, c’est probablement parce que j’ai le détestable sentiment de ne pas avoir suffisamment fait pour nous épargner cet effroyable gâchis. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’ai parlé, écrit, reparlé, réécrit, chuchoté quelquefois, même hurlé et pleuré, au Québec et en France comme ailleurs.
Trop souvent, j’ai eu l’impression de ne pas avoir été entendue. Trop souvent, je me suis heurtée aux automates de la pensée politiquement correcte. Trop souvent, j’ai frappé un mur, celui de l’aveuglement, de l’ignorance et de la lâcheté. Et fort heureusement, j’ai vu jaillir de l’ombre des citoyennes et des citoyens que je ne connaissais pas affronter avec courage et dignité une classe médiatique étouffée par le déni et une classe politique trop occupée dans ses calculs électoralistes et ses stratégies partisanes.
Ces citoyennes et ces citoyens sont devenus mes compagnons de route. Ils m’envoient des mots d’amour et des encouragements de temps en temps. Ils savent que cet engagement-là est extrêmement difficile. Ces derniers ont compris ce que très peu de journalistes des médias dominants réalisent: ce combat ne se fait pas sans risque. Il n’est pas rare d’y laisser des plumes et quelquefois sa peau. On ne rit pas d’Allah sans conséquence… même en dessinant des bonhommes et des bonnes-femmes. Vous le savez maintenant.
Un soldat canadien qui a séjourné longtemps en Afghanistan m’écrit : « J’ai une pensée spéciale pour vous que j’admire qui avez un courage exceptionnel! J’ai parlé souvent de ce qui allait un jour se produire ici en Occident… mais ça n’intéressait personne… Je me sens impuissant devant tous ces évènements… je dois passer au bistouri pour des hernies cervicales et un dos fini à 40 ans à cause de ces mêmes barbares… Prenez bien soin de vous! Je me souviens. »
La liberté de religion n’est pas un droit de religion
L’irrespect, l’effronterie, l’impertinence, l’indiscipline et l’insoumission, bref tout ce qui faisait l’esprit de Charlie Hebdo était détesté par nos médias dominants, du moins jusqu’au 7 janvier dernier alors que la laïcité, un autre grand combat de Charlie, était souvent conspuée et ses militants trainés dans la boue.
On m’informe que dans la foulée des évènements, André Pratte, l’éditorialiste en chef de La Presse qui s’occupe de gérer la page Idées et opinions, a décidé de lever la mise à l’index des compagnons de Daniel Baril, ce fervent militant laïque. Daniel, profites-en, mon ami! Passe le mot! André Pratte est un Charlie. Youpi!
Disons que ça se serait bien de rétablir les ponts du débat parce que l’éditorialiste de La Presse ne comprend toujours pas grand-chose à la laïcité, en témoigne encore une fois son éditorial d’hier d’hier dans lequel il faisait de la liberté de religion un droit absolu de religion et confondait la liberté de religion avec l’expression de la liberté religieuse. Il y a là une nuance importante qui constitue le fondement même de la modernité occidentale en matière de séparation du politique et du religieux. Lisez ou relisez, chers lecteurs, le « Discours de la servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie. Ce grand texte de réflexion politique, écrit au début du XVIème siècle, n’a pas pris une ride. La question du philosophe est simple : pourquoi les hommes acceptent la tyrannie alors qu’ils pourraient, le plus souvent, refuser de s’y soumettre ?
Ce n’est pas la première fois que je perds des camarades. Avec les années, je ne me suis point endurcie. Les premiers morts que j’ai eu à pleurer, c’était en Algérie, il y a vingt ans. Les fatras de notre époque sont trop lourds à porter pour les amoureux de la liberté. Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Bernard Maris, la rage au ventre, désiraient la liberté pour toutes et tous, avec avidité, sans concession aucune.
L’islam est malade
Alors, je vais répéter ce que je ne cesse de dire. Les musulmans ont le devoir de se regarder tels qu’ils sont et de regarder leur religion telle qu’elle est : l’islam est malade et sa maladie a pour nom l’islam politique. Pour sortir de cette ignominie, il est nécessaire d’ouvrir un VRAI débat sur ce qui vient de se passer sans se voiler la face.
Non, l’islamisme ne sort pas de la cuisse de ma mère!
Si la France n’est pas le Québec, l’islamisme, lui, est une internationale et son modus operandi est le même partout sur la planète, sa violence ne connaît point de frontières, ni de limites.
Ouvrons-nous les yeux et résistons ensemble contre la barbarie!”
Lien de l’article: http://actualites.sympatico.ca/nouvelles/blogue/lislamisme-ne-sort-pas-de-la-cuisse-de-ma-mere-premiere-partie