Nous voilà entre deux tours d’élections législatives sans précédent qui nous plongent dans une situation dangereuse et douloureuse. Avec cette dissolution de l’Assemblée nationale, le Président Macron a joué avec notre avenir, avec nos vies, celles de nos amies, de notre famille. Sa responsabilité est double quand on sait que ce sont les politiques libérales de deux quinquennats qui ont poussé une partie de nos concitoyen·nes à bout de force dans les bras du RN : inflation, réforme des retraites, casse des services publics… Mais attention, les idées du RN ont toujours été dormantes et la droite extrême a su aussi les raviver.

La lutte contre l’extrême droite et les idées fascistes sont à l’origine de la création de Femmes solidaires. Elle est toujours restée dans notre ADN. A chaque moment de notre Histoire, nous avons su nous battre contre l’extrême droite française qui s’incarnait dans des organisations diverses. Engagées contre la colonisation dès les premiers mois de la guerre d’Algérie, nous avons combattu auprès des Algérien·nes pour leur droit légitime à retrouver leur pays. Durant les heures noires des attentats de l’OAS, plusieurs de nos locaux ont été endommagés pour terroriser nos militantes. Depuis les années 80, nous avons combattu le Front national aux côtés des femmes migrantes et des enfants de la France issu.es de l’immigration, pour faire reculer le racisme et l’antisémitisme qui même s’il prend des formes diverses aujourd’hui est d’abord constitutif de l’extrême droite française. Nous les femmes, nous devons nous mettre debout pour lui barrer la route du pouvoir une fois de plus. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera pour nous.

Nous devons sauvegarder nos acquis durement obtenus. Comme nous n’avons cessé de le dire, le RN au pouvoir c’est :

• L’IVG qui ne sera plus remboursé, donc le retour des inégalités sociales et territoriales,
• L’application d’une politique de préférence nationale pour l’accès aux droits et aux services publics,
• Des coupes budgétaires pour les associations féministes et de prévention des violences, dont les associations LGBTQIA+,
• L’application de politiques natalistes et rétrogrades avec la fin des politiques de planification et de prévention des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH-SIDA, ou la fin de l’éducation à une sexualité,
• L’arrêt des débats à l’Assemblée nationale sur les grands sujets sociétaux tel que la fin de vie…
• Le retour des femmes au foyer alors que c‘est d’abord chez elles que les femmes et leurs enfants sont le plus en danger du fait des violences sexuelles et sexistes et des féminicides.

Femmes solidaires ne peut rester sans rien dire et regarder la catastrophe venir sur nous. Nous appelons celles qui peuvent voter à défendre toutes les femmes d’où qu’elles viennent, à faire un geste de sororité pour nous protéger toutes : voter pour les candidat.es les mieux placé.es pour battre les candidat.es du RN.

Nous condamnons fermement les candidat·es qui ont fait le choix des triangulaires en permettant aux RN d’être élus. Nos valeurs ne changent pas, nous sommes féministes laïques et universalistes. Nous devons avoir les mêmes droits quelles que soient nos origines. Nous devons les obtenir ensemble et les protéger ensemble, notamment dans les quartiers les plus défavorisés où nous sommes implantées, nous rejetons le communautarisme qui malheureusement a été employé dans cette élection par des candidats de la gauche pour troubler les esprits et nous diviser. Le communautarisme fait le jeu du RN qui lui répond par des doctrines identitaires.

Cette élection marque un tournant dans notre Histoire. Nous ferons tout pour que le RN n’obtienne pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Mais même s’ils n’ont qu’une majorité relative, le discours du RN (s’est) banalisé et le camp des racistes (s’est) décomplexé seront tout autant à combattre. Nous féministes, devrons faire face à de nouveaux défis démocratiques, sociaux et politiques.

Nous, Femmes solidaires, croyons à l’égalité et à la sororité absolue pour garder notre liberté. Ne nous renvoyez pas à nos supposées communautés : nous voulons les mêmes droits pour toutes les femmes. Et ça c’est incompatible avec le RN !

Paris, le 4 juillet 2024

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